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mardi 15 mai 2007

137 - Ma liberté, ma particule et les autres

Lettre à un détracteur.

Souffrez donc, inconsistant adversaire, que l'humilité soit l'orgueil des âmes faibles, des coeurs mous, des petits esprits, des sans noblesse. Je ne suis guère modeste, n’ayant pas les moyens de l’être : j’ai encore trop d’envergure pour servir une si piètre cause. Pendant que les modestes pataugent dans leur modestie, laissons parler les beaux sangs.

Jugez par vous-même : mon nom (qui n'est pas un pseudonyme) est déjà tout un roman en lui-même. Je suis un roi, un prince, un chevalier. Pas un épicier.

Ma verve hargneuse est ma coutumière signature. Ici mon verdict fait autorité, que cela vous plaise ou non. Je puis par exemple m'autoproclamer roi de la Lune si je veux : nul ne peut me contester semblable titre tant que rien ne s'y oppose raisonnablement. Voudriez-vous donc, au nom de cette modestie dont on fait si grand cas ailleurs, disons dans le peuple, que je m'agenouille devant la roture comme un misérable que je ne suis pas ? Et pour prouver quoi je vous prie ? Que je suis issu de la vile société de ceux que je méprise tant ?

Je ne vous apprends rien en vous disant que j'appartiens à la belle espèce des "de". Je suis noble, je suis grand, je suis beau, je suis riche, je suis fort, je suis fier. Fier et fier. Et encore fier. Mon humilité, je ne la place certes pas dans ce qui vous agrée : grâce à Dieu je demeure libre de mépriser qui je veux, et pour la raison qui me chante encore. Contrairement à la plupart de mes semblables...

Je suis libre de glorifier le banquier, le notaire, le curé, et de railler ces jeunes idéalistes sans le sou assoiffés de vent, de poésie et d'autres richesses impalpables, sans valeur à mes yeux. Je suis libre de préférer l'argent, le confort, la sécurité de ma personne, la préservation de mes biens matériels à cette pseudo ivresse de l'âme que procurerait la poésie des amateurs... Laissez-moi plutôt m'enivrer de mes propres oeuvres.

Je me suffis amplement à moi-même et n'ai nul besoin que l'on me dise à quelle coupe boire. Je sais bien que l'authentique nectar de ce monde n'est pas logé ailleurs que dans mon nombril. N'est-ce pas ce que pensent au plus profond de leur coeur les petits poètes au vers ennuyeux ? J'aime mon nom, j'aime mon image, j'aime ce que je suis. Définitivement, fatalement, suprêmement.

Cette admirable franchise dont je fais preuve ici fait toute la différence entre mes détracteurs et moi, entre moi et vous.

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